Isabelle Fournier
comédienne
Hypokhâgne puis deux khâgnes, licence de philosophie et DEA lettres et arts…
C’est l’horreur à prendre des notes à ses lectures et le fantasme d’apprendre par cœur les livres qui lui font prendre conscience de son urgence à prononcer, à dire, à porter ce qu’elle aime comme offrande, c’est à dire de manière vivante ; la brûle de faire vibrer ce verbe tant chéri !
Le théâtre la ravit dans sa main de géant, s’imposant comme un vaste champ d’essai où vivre de manière plus incarnée, c’est à dire plus riche, plus présente ces objets chéris d’étude : telle est la révélation de son entrée à l’Atelier International de Théâtre, où elle rencontre Marie-Louise Bondy-Bischofberger pour la création de Juana la loca à la MC93, puis Luc Bondy pour la reprise de Salomé de Strauss au Théâtre musical du Châtelet. Suivent notamment Femmes de Christian Rullier, Rives secrètes d’Anaïs Nin, Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part d’Anna Gavalda, Les Révoltés de Treblinka mis en scène par Pascale Maigre-Peuvrel.
En Corse se découvre le plein air avec Incendies de Wajdi Mouawad mis en scène par Alain Batis.
Ludovic Longelin lui confie la toute première prononciation et mise en espace de sa pièce en cours d’écriture L’orée des ruines lors de l’hommage qui lui est rendu au Théâtre de l’Epée de bois.
De là s’élance une odyssée de créations variées rassemblées par la poésie: c’est d’abord la mise en lecture à deux voix de L’Hécatombe à Diane d’Agrippa d’Aubigné reçue dans les châteaux d’Anet, de Fontainebleau, de Saint-Germain-en-Laye, d’Asnières, de Nérac, de la Batie d’Urfé mais aussi à l’Arsenal, au Musée départemental de l’Oise et à la Bibliothèque Forney.
Puis une invitation à ouvrir un colloque des Archives nationales consacré à Cadix lui fait prononcer en solo à l’Hôtel de Soubise une lettre de Daubenton père à son fils, une carte blanche de la Galerie du Buisson lui fait dire Le théâtre et son double d’Artaud, le château d’Asnières accueille Ainsi parla le devin Marquis lors de la Nuit blanche 2013, cette parole inspirée l’emmène au Château des Ormes pour offrir bouquet final à la Troisième journée d’histoire, elle y est rappelée l’année suivante avec les Feuillets d’Eupalinos et l’Abbaye de Royaumont mûrit en résidence la création du concert-spectacle Le silence est d’ART dernièrement donné à la BnF en hommage à Jankélévitch, tandis que Les Guerrières de la Paix de Monique Surel-Tupin la conduisent au sein d’un chœur battant à travers la France et jusqu’au Canada !
Le bonheur de cette rencontre donne lieu à la lecture actée de Loin d’Hagondange de Jean-Paul Wenzel puis à celle de Complainte pour Anna Politkovskaïa, création.
La librairie “L’Odeur du book” lui offre carte blanche durant toute une année pour dix rendez-vous littéraires très suivis qui ricochent à rive gauche à L’Entrepôt, au Festival de la BnF et dans d’autres librairies mais aussi au Château d’Asnières.
Le Musée Delacroix accueille lecture d’une liasse de textes en résonance avec le colloque que consacre la Société des Études Romantiques et Dix-neuviémistes à “L’œil du XIX ème”, quand Caroline Granier la charge d’extraits de roman noir lors de la présentation de son essai.
Elle est distribuée dans Le livre des ciels de Leslie Kaplan mis en scène par Philippe Penguy, dévoilé à Coulommiers puis à Paris.
La Bibliothèque Janssen à Paris accueille lors de la Nuit de la lecture Louise Labé, Gérard de Nerval, deux astres en fureur poétique et dans ce sillage invite Le Théâtre et son Double d’Artaud puis Vergers de Rilke, c’est ensuite la Bibliothèque Claire Brétécher qui célèbre la Nuit de la lecture avec Éloges de Saint-John Perse.
Régis Hébraud lui confie l’enregistrement de Gradiva-western commandé par la Cinémathèque française puis de ciné-poèmes en éloge à Raymonde Carasco. Au cinéma, Isabelle tourne, entre autres, sous la direction de Francis Girod, Philippe Harel, Stéphane Brisé, Laurent Firode, Julien Hallard et Michel Leclerc. Le théâtre est pour elle l’art de faire des rencontres, et le langage espace de liberté à découvrir toujours.
C’est pour elle phrase sans césure d’aller de la bibliothèque à la scène, c’est manière plus entière d’être aux mêmes choses, de goûter plus pleinement littérature et philosophie.